Merci Farrakhan : Figure Paradigmatique du rap américain



En date du 11 mai 2020, l’honorable Louis Farrakhan aura 87 ans . Pendant plus de 65 ans, cet homme a mené une vie d’activiste et de revendicateur en appliquant les principes de la Nation de l’Islam; tel qu’enseigné par son formateur (jegna)  le très honorable Elijah Muhammad. Farrakhan est aussi une figure paradigmatique qui a grandement contribué à forger la conscience revendicatrice du hip-hop sociopolitique et nationaliste des années 1980 aux années 2020 aux États-Unis. Tel qu’énoncé par KRS- One dans l’ouvrage ( Gospel of Hip-Hop,2009) «  …However , I must say here that the only consistent minister/prophet hip-hop has ever advocating its divine existence and authority is the Honorable Minister Louis Farrakhan »  Si nous traduisons brièvement les propos de KRS-One nous aurons la traduction suivante «   le seul prédicateur ou prophète que le hip-hop a eu dans son cheminement spirituel et existentiel fut de manière autoritaire l’honorable ministre Farrakhan ».

Cette autorité graduelle de  Louis Farrakhan au sein de la culture hip-hop est apparue au courant des années 1980. Le rappeur Kool Moe Dee avec son album  Knowledge is the King (1987) est un des premiers artistes hip-hop a émettre des discours de Farrakhan à travers un album rap, démontrant ainsi une reconnaissance et une allégeance face au paradigme spirituel et activiste de ce dernier. En 1988, Public Enemy proclame  même Farrakhan comme un prophète sur leur morceau «  Don’t Believe The Hype » issu de leur second album et premier succès commercial It Takes a A Nation of Million to Hold Us Back.  Il en sera de même à plusieurs reprises pour leur troisième album «  Fear of A Black Black Planet “ entièrement endossé au plan paradigmatique par la Nation de l’Islam et l’honorable Louis Farrakhan.



Professor Griff  membre polémique de Public Enemy poussera la donne  avec ces albums solo très revendicateurs et socioéducatifs; tels Pawns In The Game et Kaos II Wiz-Dom au courant des années 1990, produit par le seul et unique producteur controversé,  Luke Skywalkker.  Au plan sociogéographique plusieurs rappeurs tant intellectuel que gangster se diront influencés au plan paradigmatique par l’Honorable Louis Farrakhan. Il est étonnant de voir comment que le psyché éducationnel de Farrakhan a influencé grandement «  le gangsta rap sociopolitique » au courant des années 1990. De parfaits exemples sont les albums d’artistes suivants grandement influencés par le gangsta rap et le rap violemment provocateur et revendicateur de la côte ouest et du sud des États-Unis : Kam avec l’album Neva Again (1993), Ganxta N.I.P avec Psychic Thoughts (1993), Menace Clan avec l’album In Da Hood (1995),  Kam pour une fois de plus avec son second album Made in America (1995),  et M.C Ren avec The Vilain In Black (1996) .
                                       
                                     



Sur ces deux albums Kam, membre d’une mosquée de la Nation de l’Islam supervisé par le frère Tony Muhammad à Los Angeles, met le cap sur deux discours de Louis Farrakhan sur trame sonore en vue d’introduction.   Il en sera de même pour la rappeuse Nefertiti, pour l’introduction de son unique album L.I.F.E. ( Living in Fear of Extinction), paru en 1993. Les deux parents de la rappeuse Nefertiti furent membres de la Nation de l’Islam. En outre, Nefertiti est une des seules artistes hip-hop au courant des années 1990, avec  Sistah Souljah à avoir grandement abordé les enseignements de l’honorable Louis Farrakhan et du très honorable Elijhah Muhammad. Il faudra attendre les années 2000, avec la concrétisation des albums de l’artiste Yonasda Lonewolf, pour revoir une femme s’intéresser aux enseignements de l’honorable Louis Farrakhan,  à travers l’intégralité d’un album hip-hop. 




  
Avec l’effervescence de la marche d’un million d’homme en date du 16 octobre 1995 le nom de l’honorable Louis Farrakhan  se retrouva sur les lèvres et les lyriques de la quasi-totalité des rappeurs afro-américains. Avec cette galvanisation effervescente; on voit la concrétisation de (2) projets : Pump Ya Fist (1995) ainsi que One Million Strong (1995) le second commémorant le processus promotionnel de la marche du 16 octobre 1995 qui réunira plus de 1.5 million d’hommes noirs venant de partout à travers le monde à Washington D.C. Une marche qui historiquement reste la plus grande dans les annales des États-Unis et même de l’humanité moderne. Des morceaux tels Black Family Day  de Grand Puba sur la compilation Pump Ya Fist (1995) en référence à une grande conférence, organisée au Randell Park à New-York quelques mois avant la marche d’un million d’homme à D.C, sur la nécessité de l’unité de la communauté noire et du cessez-le-feu dans les ghettos afro-américains. 
D’autres références continueront à se multiplier en fonction du paradigme de Farrakhan et de plusieurs de ses discours toujours aussi constructifs et éducatifs les uns des autres, au courant des années 1990 et 2000. Déjà à la moitié des années 1990, Notorious B.I.G  sur le morceau «  The What ??? » énonce le lyrique suivant «  Deep Like The Mind of Farrakhan…a rap phenomenon » . Dans la période succédant la marche d’un million d’homme du 16 octobre 1995; Farrakhan investira grandement son temps pour consolider et remédier le conflit socio-territorial au sein du rap américain qui mena aux assassinats de Tupac Amaru Shakur, Fula Kaddafi et Notorious B.I.G ( Christopher Wallace). Il se prononce ainsi sur le conflit intermédiaire entre les rappeurs de West Connection face aux rappeurs de la côte est américaine tels; Common, A Tribe Called Quest. De plus, il rencontre à certaines reprises le rappeur mégastar Snoop Dogg/Snoop Lion,  en guise de trouver certaines pistes de solution à ce problème socio-territorial qui selon ce dernier dépasse le cadre simple de la culture Hip-Hop mais semble être une ingénierie planifiée par des forces gouvernementales; en vue d’éradiquer de manière négative le positivisme et le constructivisme éducatif du rap nationaliste et socialement engagé de la jeunesse afro-américaine et pluriculturelle qui vit le jour au États-Unis, au courant des années 1980. En l’an 2000 à l’occasion de la «  Million Family March » une autre compilation hip-hop vantant les mérites du paradigme de Farrakhan axé le communautarisme et le nationalisme socio-instiutionnel  de la communauté afro-américaine, voit le jour. 













Sur ce projet plusieurs rappeurs qui furent présent sur l’album «  One million Strong » y sont à nouveau dont : Kam et Snoop Dogg/Snoop Lion . On y retrouve aussi la présence d’autres artistes tels Guerilla Black et Fat Joe. Un documentaire accompagnant le vidéoclip promotionnel de la compilation de «  la Million Family March » relate grandement les moments forts de la tournée mondiale que l’honorable Louis Farrakhan a effectué en Europe, au Moyen Orient, en Asie et en Afrique dans les mois et années qui ont suivit le 16 octobre 1995.  Avec la venue du 10ième anniversaire de la marche d’un million d’homme de 1995 et l’incident de l’ouragan Katrina ayant dévasté la Nouvelle-Orléans, en 2005,  L’Honorable Louis Farrakhan voit encore l’urgence de concerter la communauté hip-hop. Il ne fera pas un Sommet Hip-Hop comme se fut le cas en 1997 puis en l’an 2000. Cependant, il prendra le temps de rencontrer les diverses figures montantes du rap sudiste de la moitié des années 2000 : Ludacris, Big Boi, Bishop of Crunk, Too Short et plusieurs autres. 
G-D : William Muhammad, Hassan Muhammad, Killa Mike, Don Muhammad, Big Boi, Jalal Farrakhan, Courtney (Bear) Sills, Ludacris, Minister Louis Farrakhan, Minister Sharrieff Muhammad, Too Short, Chaka Zulu, Louis Farrakhan, Jr. and Bishop of Crunk.
Photo: Ademah Muhammad
En 2003,  Farrakhan avait aussi prit le  temps pour rencontrer et dîner avec le rappeur Ja Rule; une rencontre qui permit d’atténuer la tension de ce dernier médiatisé avec son rival 50 Cent.  Plusieurs  figures dans le rap contemporain aux États-Unis continuent de  propager leur allégeance et respect au paradigme constructif de l’Honorable Louis Farrakhan. Spécifiquement, c’est le cas d’artistes/ emcees tels : Jay Electronica, Jaziri X et K-Rino. En date du 13 mars 2020, Jay Electronica a sorti son premier album en carrière  '' A Written Testimony'' dédié entièrement au paradigme de Louis Farrakhan et la Nation de l'Islam. 
Ces derniers versent dans un style de rap très journalistique et épistémologique un peu différent de leurs prédécesseurs des années 1990 qui louangeaient Farrakhan à travers l’esthétique d’un gangsta rap sociopolitique violemment revendicateur et provocateur. Quelques rappeurs au plan international prennent aussi le temps de référencer Farrakhan par moment dans leurs lyriques c’est d’artistes tels : Max Planck, Chaplin, K.Lamort,  Mizery, Jyhad, Judge Dread Mathematiks, La Brigade ( Fr.); pour ne nommer que ceux-ci.  Somme toute, Farrakhan est un aussi un  individu pluridisciplinaire depuis plus d’une soixantaine d’année ayant un fort soucis de conscientisation et de sensibilisation spirituelle; en tant que prédicateur,  artiste professionnel, humaniste, activiste ou philanthrope.

















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