Daesh Hip-Hop : L’État du rap islamique d’hier à aujourd’hui




 

À peine l’année 2016 entamée,  et  voici que le bal des actes terroristes et des secousses du monde arabo-musulman reprend de plus bel! Depuis déjà trois ans, le monde entier est sur le qui-vive à cause de cette dynamique terroriste qui sème la confusion, la désinformation et surtout la terreur. Peu d’artistes se sont mobilisés pour dénoncer le fondamentalisme islamique et l’intégrisme islamique qui nourrissent psychologiquement ce corpus du terrorisme au 21ième siècle. Je me rappelle des années 1990, lorsque je fus adolescent; c’était une période où le prosélytisme islamique était très présent dans la culture hip-hop. Cette approche prosélyte en Amérique du Nord comme en Europe a été culminante jusqu’à la moitié des années 2000. D’ores et déjà, le rap islamique actuel semble être retentissant dans des bastions sociogéographiques où la population est traditionnellement et culturellement musulmane; ce qui est le cas au Maghreb, en Afrique subsaharienne ainsi qu’en Asie du Sud Est. Cependant, à quand remonte la genèse du rap islamique commercial en Occident? Cette mouvance du rap islamisé en Amérique du Nord remonte aux années 1980. Cette montée du rap islamique éclore de manière synchronique aux États-Unis et au Maghreb, vers 1986-1987. En Afrique du Nord quelques groupes apparaissent vers la fin des années 1980.




Les plus connus sont originaires de l’Algérie comme MBS et Intik. D’autres proviennent du Maroc et de la Tunisie. Certains groupuscules  évoluant en Afrique de l’ouest se réclament aussi de la foi musulmane. C’est le cas de formations pionnières comme Positive Black Soul et Daara J. Dans la société américaine les influences sont étroitement liées aux enseignements de la Nation de l’Islam (N.O.I) et des Fivepercenters (5% Nation). En 1987, le prédicateur islamique Louis Farrakhan en collaborant avec le emcee Kool Mo Dee fait ainsi sa première apparition sur un album hip-hop. Farrakhan collabore avec Kool Mo Dee à une pièce issue de l’album Knowledge is The King. Vers la fin des années 1980, le rap islamisé est perçu comme une convention normalisée aux États-Unis. Les aspects institutionnels, commerciaux et conventionnels du rap islamique états-unien cumulent au Sommet islamique de la culture Hip-Hop sponsorisé par le The Source Magazine- une couverture de l’événement est assurée dans l’édition du mois d’avril 1991. Selon Fahiym Ratcliffe, c’était l’occasion pour plusieurs hip-hopeurs de confession musulmane qui vivaient aux États-Unis de démontrer leur sentiment d’appartenance et plusieurs de leurs accomplissements socioprofessionnels liés d’une manière intrinsèque à l’Islam. D’après Ratcliffe, plusieurs artistes présents à ce Sommet sur le Hip-Hop islamique états-unien  étaient membres des organisations suivantes : la Nation de l’Islam, la communauté Ansaaru Allah du Dr. Malachie Z. York  et la Nation des Dieux et des Terres ( Fivepercenters, 5% Nation). Vous connaissez sans doute des artistes hip-hop aux États-Unis qui ont été influencés par ces organisations au cours des années 1980 et 1990 ex : Public Enemy, Paris, Rakim Allah, PRT, Big Daddy Kane, Lakim Shabazz, Nefertiti, Wu-Tang Clan, Ice Cube ect…L’influence de l’Islam arabo-musulman et plus orthodoxe s’est faite ressentir par la montée de la scène rap bohémienne de Philadelphie et de la côte des États-Unis, vers la fin des années 1990- début 2000 avec des artistes comme : The Roots, Bahamadia, The Black Star, Mos Def, Common Sense, The Last Emperor. Selon les études de Karim Hammou du CNRS en Europe l’Islam est évoqué graduellement dans le rap et crée ainsi un objet de focalisation sociale .






 Abou Bakr al-Baghdadi, caliphe redoutable de l'État Islamique depuis le 29 juillet 2014


Entre la fin des années 1990 et la moitié des années 2000 plusieurs artistes revendiquent une identité islamique dans le rap français, des cas notoires sont : Yazid ( Je suis l'Arabe),  Kery James, Ad Al Malik, NAP, KDD, Tunisiano,  Ali des Lunatics et Médine avec son album Jyhad qui fut perçu comme très satyrique. Ce dernier se décrit comme un emcee arabo-musulman harcore et radical voulant casser le rouage de l’Islam radical. Une mission très risquée! 

 

D’autres rappeurs français issus du milieu intégriste et fondamentaliste islamique ont préféré tourner la page à l’approche des événements tragiques et impromptus de 2015. C’est le cas de l’ancien rappeur islamique et radicalisé, Oldream Whyze, qui s’est converti au christianisme au cours des années 2010. Il a réalisé l’album Des Ténèbres à la lumière en 2014. Quand même nous ne pouvons point résumer le patrimoine du Hip-Hop musulman francophone qu’à un radicalisme et un prosélytisme créant des antagonismes perceptifs.

 

L’Héritage du rap islamique en France en 2016




Après le carnage du vendredi 13 novembre 2015, je me suis grandement questionné sur les prédictions émises par plusieurs rap islamiques et revendicateurs émis par les rappeurs de France au cours des années 1990 et 2000. Plusieurs terroristes qui se sont fait exploser étaient des jeunes arabo-musulmans de nationalité française, autrement dit nés en sol français. Ces jeunes ont grandi au son du rap revendicateur des cités et banlieues parisiennes. Un des frères Coachi était rappeur ! Certains des terroristes des attaques de novembres 2015 ont flirté de loin ou de proche avec le milieu hip-hop activiste, revendicateur et islamisé de France. Faut-il faire une association entre psychologie terroriste islamique et rap radicalement islamisé ? Les hip-hopeurs de France qui ont bercé ma vie de jeune adulte  (Freeman, K’Rym le Roi, Ali, l’Algérino, Sniper, N.A.P. K.D.D et tant d’autres) doivent-ils comparaître devant un tribunal, pour leur lyrisme islamique des années 1990 et 2000? Booba fut futigé pour son analyse des attentats de Charlie Hebdo lors des entrevues qu’il accorda au printemps 2015. Suite aux attentats du 13/11/2015 il semble s’être fait muet, réservant ainsi toutes les réponses sur son nouvel album Nero Némésis.
       L'édition d'avril 1991 du ''The Source Magazine'' portant sur le Sommet du hip-hop islamique américain


Excusez-moi,  mais ce rap islamique qui dominait le Hip-Hop français des années 1990 et 2000 avait sa raison d’être! Après de maintes écoutes des albums des artistes que je vous ai mentionnés antérieurement, je suis ressorti plus éduqué et conscientisé sur la société française. Je suis un américain résidant au Québec(Canada), je n’ai pas grandi en France. Or, je n’ai pas retenu aucun lyrique issus de ces albums qui incitent à une quelconque violence terroriste. Des compilations de rap radicalisé  des années 1990 telles: Hostiles, Ma6Té Va-Kraker, Sachons Dire non et tant d’autres visaient à l’éducation, la conscientisation et le communautarisme. Ces compilations nous ont mis en garde contre la sédition! Les membres de NTM ont réalisé une prédiction plus précise que Nostradamus, leur album Paris sous les Bombes a été réalisé en 1995 !!! Pour résultat la bureaucratie les traita de fripouilles. Souvenez-vous des mots acérés de   Nicolas Sarkozy, lorsqu'il fut responsable du Ministère de l'Intérieur. Un procès fut intenté au groupe rap La Rumeur quelques années auparavant. Le groupe l’a remporté. Aujourd’hui dans une France meurtrie par le terrorisme combien de rappeurs islamiques ont une Fiche S ? Une bonne question n’est-ce pas!




 

Comments

  1. Une analyse frappante sur l'islamisme et le hip-hop...bravao

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