Critique comparative et analytique des albums: (Réincarnation) et (Liberté d’Expression) de Sadik du 7th Ave Boys


 En l’espace d’une année, du 30 janvier 2015 au 25 mars 2016, le rappeur Sadik originaire du quartier St-Michel ( Montréal, Qc) a réalisé deux albums acclamés par la critique du milieu hip-hop
québécois : Liberté d’Expression et Réincarnation. Ces deux projets concrétisés au sein de la compagnie de production artistique Explicit Records, ont été bien reçus par le public hip-hop au Québec et au Canada. Ces deux albums officiels de Sadik sont distincts et en même temps convergents.

À travers ces deux opus, vous subissez une parfaite immersion dans l’univers sociologique et lyrique de Ralph Émile alias Sadik. Liberté d’Expression (2015) et Réincarnation (2016) commencent de manière assez introspective.






Les pièces Décollé et En Solo sont chargées en lyrisme et sont très bien représentées sur des instrumentales assez sobres et épurées. Décollé ouvre l’album Liberté d’Expression et En solo Réincarnation; sur les deux titres et de manière subtile Sadik laisse entrapercevoir une certaine négritude street par moment :
En voici des extraits

L’Étau se referme/ sur la vie et ce qu’elle renferme/ J’fais partie de ceux qui luttent
Encore question d’épiderme/ être ou ne pas être toujours le même dilemme/ La mort ou la prison, toujours les mêmes problèmes…/ (source : Sadik, Décollé, Liberté d’Expression, 2015, Disques Explicit )

Pas de 7th Ave sans S-A-D-I-K/ Ni pour être un leader, j’serai pas leur esclave d’Africa/ le bâton, le maton bienvenu dans mon habitat/ En pleine réincarnation mon cœur s’en sort dans dégât…(source : Sadik, En Solo, Réincarnation, 2016, Disques Explicit)

Au plan structurel, nous constatons moins d’invités sur Réincarnation que sur Liberté d’Expression. Quelques acolytes underground du 7th ave Boys et la famille du District 67 ( ex : Radical et Randy Raymond alias S-Cro) étaient présent sur le premier album du rappeur saint-michelois sorti en fin janvier 2015. À la Drake Sadik a voulu, Keep The Family close, pour ce second classique!

L’esthétique de la forme semble plus contemporaine et plus technique sur Réincarnation que Liberté d’Expression. Par moment, le débit de Sadik est excessivement plus accéléré et up-tempo sur son deuxième opus. Il nous avait charmé par un court aperçu sur une pièce comme Adrénaline, issue de son premier L.P. Or sur Réincarnation, en toute excellence, nous remarquons cette nouvelle gymnastique verbale sur des moments incroyables comme sur : 2 Gunz en collaboration avec Rymz ou sur J’entends Pleurer. Ce flow travaillé et empreint d’une nouvelle technicité, Sadik l’ appose en grande partie sur les merveilleuses productions musicales du jeune   producteur haïtiano-québécois, Maxime Gabriel, et par moment sur celles de Vagalam, Illatracks et Nazbrok ( James-Lee St-Éloi).



 Sadik et Stoney Starr du collectif 7th Ave Boys
photo prise vers la fin de la décennie 2000

Liberté d’Expression est un album de dures labeurs qui s’est forgé à travers 5 à 6 ans de travail, un peu similairement à l’album de Only Made 4 Cuban Linx pt.2 sorti en 2009 après plusieurs années de travail acharné. Quant à Réincarnation, ce projet plus succinct a été conçu dans la spontanéité du moment. Ainsi, il exhibe une forte contemporanéité.

Qu’importe l’amour du Hip-hop pur et underground est toujours présent dans le lyrisme approfondi et réaliste de Sadik. C’est ce qu’il démontre dans des raps consistants de ces deux albums comme : Rap Local pt.2, Rap 90’s, Dédication et Rafale Verbale.

La conscience descriptive de Sadik est à son meilleure, lorsqu’il se laisse aller en toute émotion sur des titres comme Laisse pas Traîner ton fils ainsi que sur la conclusion de son second album. Pour ceux et celles qui ne le savent, Laisse pas Traîner ton fils est un hommage poignant et très socio-affectif que Ralph Émile alias Sadik offre à son fils. C’est un des meilleurs raps démontrant l’amour paternel d’un rappeur à sa progéniture qui ait été réalisé dans l’historique du hip-hop québécois des 15 dernières années .
En voici quelques lignes :
J’laisserai pas traîner mon fils/ En aucun cas faut qu’il glisse/ J’fais des sacrifices/ Devant un prince, les genoux fléchissent / haïtien-marocain ton sang ta force de métis/
( source : Sadik, Laisse pas traîner ton fils, Liberté d’expression, 2015)

La conclusion du second opus, par le titre Réincarnation, démontre un Sadik exerçant une conscience non seulement axée sur la description mais dégageant un brin d’atavisme et une vision akashique.
En voici un extrait :
J’existe depuis des siècles/ j’dirais des millénaires/ j’ai vu des grands monarques par cette plantation à la négrière/ j’ai vu brûler Adolph Hitler/ dans les flammes de l’enfer/ essaie de tromper le destin, tu fais erreur mais j’suis pas né d’hier/

Certes, je pense que Sadik est sur la bonne trajectoire grâce au soutien managérial des disques Explicit Records et par son affiliation relationnelle aux collectifs 7th Ave Boys et Family 1rst. Cette affiliation l’aidera à prospérer artistiquement vers des nouveaux sentiers. La potentialité artistique de Avé Sadik étonne de jour en jour. C’est ce qu’il a exhibé lors de son lancement de Réincarnation, le 12 avril 2016 au club Belmont de Montréal. À cet événement remarquable et mémorable la scène plus rappeurs « street » et underground en vogue étaient présents : Jack & Kastro, Moun Fou, CART3L, Bullet Ghost et autres. À l’échelle du Québec, Sadik continue à offrir sans cesse des performance avec ses collègues artistiques de Explicit Records. Je souhaite que la discographie de Ralph Émile alias Sadik s’agrandisse d’ici la décennie 2020 et celles qui suivront avec des projets toujours percutants et persuasifs. D’autant plus, je lui souhaite beaucoup du succès dans les diverses initiatives corporatives, entrepreneuriales et administratives qu’il compte réaliser d’ici le court, moyen et long terme.







Comments